Un an déjà...

C'est difficile à croire... et pourtant cela fait déjà un an que nous vivons au rythme de la pandémie, que nous nous sommes habitués -tristement mais inexorablement- au vocabulaire du Covid 19, aux visages des spécialistes divers (virologues, infectiologues, urgentistes, réanimateurs, épidémiologistes) qui se bousculent sur les plateaux de télévision et manquent souvent d'humilité (car au fond ne savent pas grand-chose et se trompent le plus souvent), aux statistiques et chiffres qui s'égrènent  chaque jour et alourdissent le bilan sanitaire.

Nous n'applaudissons plus tous les soirs à 20h les soignants qui se mobilisent sans faille pour lutter contre ce virus puis les variants qui gagnent du terrain. Ils sont là pourtant, engagés, déterminés, mais aussi épuisés, découragés, exaspérés parfois, voire en colère. Pourtant le combat continue et nous dépassons les 90000 morts.

Heureusement le 15 mars 2020, à la veille du premier confinement, nous n'avions aucune idée de ce qui nous attendait ! Nous n'aurions jamais imaginé, même dans nos pires cauchemars, que nous allions subir un deuxième confinement, puis des couvre-feux et sans doute un troisième confinement dans certains départements où l'incidence ne permet plus à l'hôpital d'assurer la prise en charge en réanimation. Revoir ces images me laissent toujours un sentiment d'irréalité, comme si nous allions nous réveiller un matin d'un mauvais rêve.

Le gouvernement Castex a tout fait pour éviter un nouveau confinement, courageusement, malgré les prophéties alarmistes des uns et des autres. Nous aurons gagné de précieuses semaines ! Rappelons à ceux qui hurlent à l'incurie et à l'inertie du ministre de la Santé que nous sommes déjà privés de liberté depuis de longs mois, que nous respectons les gestes barrière, que nous ne pouvons avoir une vie sociale, que je ne peux inviter mes enfants à diner ni les serrer dans mes bras, que nous ne pouvons aller au cinéma, au musée, au théâtre, au spectacle, au restaurant, au café ni dans les salles de sport ou les piscines, que nous ne voyageons plus ! En réalité nous vivons déjà un confinement. Interminable. Epuisant moralement et psychiquement. Les Français tiennent bon, ils serrent les dents mais ils sont au bord de la saturation eux aussi. J'entends certains, jeunes et moins jeunes, déclarer "J'en ai marre, maintenant j'ai décidé de vivre ma vie." ou "On sacrifie notre jeunesse, à présent on veut vivre" ou encore "Je veux retrouver ma vie d'avant, j'ai 20 ans, ils ont eu une jeunesse, et nous ? Ils se rendent compte de ce qu'ils nous font vivre ?".

Nous faisons des efforts, comme je le constate autour de moi, à Paris, en province, chaque jour, depuis des mois et des mois. En espérant chaque fois que le plus dur est derrière nous. Mi-mai après le premier confinement et la joie de sortir de nouveau, de retrouver la liberté de circuler, voir des proches. Décembre après le deuxième confinement et la perspective des Fêtes, différentes cette année, mais pas entièrement gâchées... Janvier où l'on évite un confinement, où les vaccins arrivent et vont nous sauver ! Cette fois on tient le bon bout, l'espoir renaît. Et puis non, ce n'est pas encore gagné... Arrivent les retards de livraison de vaccins, les variants et l'angoisse qui pointe, l'apocalypse nous est même annoncée par certains ! Le monde d'avant est bien loin, celui de demain fort incertain.

Nous avons passé le 31 décembre à deux, sans nos proches, nous n'avons pas organisé de dîner depuis... Je ne m'en souviens même plus ! Je préfère ne pas y penser, rester concentrée sur le présent. "Que fais-tu pour aller bien ?" me demandait une amie. Bonne question. Je vis au jour le jour, je reviens à l'essentiel. Surtout plus de projections. Je n'attends plus la réouverture des salons du livre, les ateliers dans les écoles ni même les projets d'édition. Tout est suspendu. Sans attentes je ne serai pas déçue ! Sage philosophie me semble-t-il. 

Les jeunes sont excédés, découragés, inquiets pour leur avenir, ils n'ont plus de perspectives, ils se retrouvent pour certains dans des situations de détresse psychologique extrême, de précarité sociale et même de misère.  Ces images d'étudiants qui font la queue pour l'aide alimentaire m'ont glacée. J'ai participé à des collectes pour des étudiants précaires dans les supermarchés, le cœur serré. Mes enfants souffrent de la crise sanitaire sur différents plans mais ne crèvent pas de faim ! Ils ne sont pas isolés, ni physiquement, ni moralement. Le ministre de l'Education nationale, qui ne plaît pas à tout le monde, a eu le mérite de se battre pour laisser les élèves à l'école, au collège et au lycée ! Nous ne pouvons que nous en féliciter. Il serait temps aussi de remettre le sport à l'honneur ! Que les jeunes ne soient pas dans la rue à se battre mais retrouvent les terrains de sport, expriment leurs tensions et frustrations autrement, soient de nouveau encadrés dans des associations.

Chacun à notre petit niveau nous pouvons, par notre comportement, notre engagement, nos actions quotidiennes, contribuer à lutter contre le Covid 19. 

Vivre avec le virus  et tenir bon : avons-nous d'autre choix ?

Pour ma part, le meilleur remède à la déprime reste la lecture et/ou l'écriture. Se plonger dans un roman qui va m'emmener très loin de cette grisaille ambiante, me faire rire, pleurer, voyager dans des contrées inconnues, côtoyer des êtres attachants, singuliers, machiavéliques. Tant que les librairies ne ferment pas, l'espoir est donc permis. J'ai une pile de livres sur ma table de chevet, promesse de bonheurs à venir ! De quoi garder le sourire... et le moral.