Campagne nationale de prévention des noyades

La campagne de prévention nationale des noyades de jeunes enfants missionnée par le Ministère des Sports/de la Santé/l'Institut National de la Consommation a été lancée le 17 mai et sera programmée jusqu'à fin aout 2023. L'agence 2P2L avec laquelle Sauve-qui-Veut a travaillé depuis décembre dernier a pu valider 3 vidéos choc de parents victimes de 2mn et un teaser de 30 secondes pour présenter les 3 témoignages.

 

Nous aurions aimé que des papas témoignent également mais ce ne fut pas possible. Ce sont trois mamans membres de Sauve-qui-Veut que nous accompagnons depuis 2, 10 ou 20 ans, trois mamans courageuses venues de Paris, Montpellier ou Angers qui ont accepté de parler du drame qu'elles ont vécu, avec sincérité, pudeur et dignité. Motivées par un seul objectif, sensibiliser des parents, des personnes en charge de jeunes enfants, des propriétaires de bassins ou de points d'eau pour sauver des vies et protéger des familles. Ce sont des mamans responsables, aimantes, attentives, informées. Comme vous ! Et pourtant leur enfant s'est noyé dans une piscine familiale, dans un bassin chez des voisins, dans une piscine de maison de location. Il aura suffi d'un instant d'inattention, de quelques minutes pour que survienne l'impensable. Avec leurs mots, leur chagrin, leurs regards elles évoquent la sidération, le manque abyssal, la colère aussi, la culpabilité. De n'avoir pas su protéger ce petit être, de n'avoir pas été une maman infaillible. En cela leur témoignage est percutant. Chaque parent peut s'identifier et comprendre que l'accident peut leur arriver et leur vie basculer en une fraction de secondes. Pour toujours. Il y a un avant et un après. Aucun retour en arrière possible. Nulle place pour les regrets.

 

Elodie, Karine et Véronique disent la même chose. C'est glaçant, dérangeant, brutal. Elles racontent le même drame et les circonstances sont toujours semblables. 

Un jeune enfant autonome, curieux et inconscient du danger.

Une piscine ou un point d'eau non ou mal protégé (alarme défaillante, pas de barrière, portail ouvert).

Une faille dans la vigilance.

 

J'aurais aimé revenir sur ces trois éléments, ce concours de circonstances malheureuses qui permet à l'enfant de se noyer, avec des parents à côté le plus souvent, parfois à quelques mètres. J'avais accepté une interview de 45 minutes pour le teaser que l'agence avait proposé afin que je puisse présenter les trois témoignages. Mais cela n'a pas été validé dans la mesure où j'étais considérée comme "experte" en tant que présidente d'association. Alors même que je suis avant tout une maman victime ! Cela étant le teaser entremêle les trois témoignages efficacement.

 

La campagne porte sur la vigilance avec des messages clairs. Elle ne met pas l'accent sur les dispositifs de protection des piscines, or il est essentiel de sécuriser les bassins avec une protection normalisée qui empêche un enfant de tomber dans l'eau. Les dispositifs ne suffisent pas mais ils sont indispensables ! En 20 ans le nombre de bassins a été multiplié par 4 et dans le même temps le nombre de décès a été divisé par 4 grâce à la loi Raffarin ! Il est surprenant que l'on en parle si peu alors que les faits sont probants. Si la loi était correctement appliquée, si nous obtenions des contrôles et des sanctions envers les propriétaires de piscines, si les piscinistes ne se contentaient pas de vendre du rêve et de culpabiliser les parents, si nous avions des campagnes de sensibilisation nationale tous les étés,... Nous pourrions sauver de nombreux enfants !

 

Avec le réchauffement climatique et la progression du secteur des piscines (en 10 ans le parc a déjà doublé pour atteindre 3,2 millions de bassins, soit le 1er parc européen et le 2e mondial) il est urgent de se mobiliser. La Fédération des Fabricants de Piscines annonce une estimation de 400000 nouveaux bassins d'ici fin 2024. "Après la crise du Covid qui a euphorisé le marché, les professionnels se sont adaptés aux nouvelles aspirations des consommateurs en proposant des produits plus économes, faciles d'entretien et plus ajustés à la taille des jardins." selon Stéphane Figueroa, président de la FFP. Quand je pense qu'en 1999 les professionnels me reprochaient de vouloir "casser des emplois, ruiner le marché de la piscine"... Il n'était pas question de parler du danger des piscines et autres points d'eau. Pourtant les professionnels ont aussi une part de responsabilité et devraient être acteurs de prévention.

 

N'hésitez pas à relayer la campagne, à sensibiliser autour de vous ! Nous espérons que l'impact sera important et que cette campagne sera renouvelée chaque année.