"Patients" de Grand Corps Malade

aux Editions Don Quichotte : un livre à lire et faire lire à nos ados, un livre plein de force, d'humilité et de vie, un livre à l'image de ses chansons, vibrantes, sincères, sensibles. Après avoir écouté en boucle son dernier album, "Le Funambule" (très beau, textes et musiques superbes), mon fils de 15 ans a eu envie de lire le témoignage de Grand Corps Malade. Il a été ému, interpellé, touché et m'a demandé de le lire. J'"espère aussi que ce témoignage lui reviendra quand il sera en voiture, à moto, en scooter ou en train d'effectuer des plongeons...et qu'au fond de sa conscience il relèguera ses rêves de casse-cou...

 

"Evidemment on marche sur un fil, chaque destin est bancal.

Et l'existence est fragile comme une vertèbre cervicale.
On t'a pas vraiment menti, c'est vrai que parfois tu vas saigner.

Mais dans chaque putain de vie, y'a tellement de choses à gagner.

J'aime entendre, raconter, j'aime montrer et j'aime voir.

J'aime apprendre, partager, tant qu'y a de l'échange y'a de l'espoir.

                                                                                       ...

Y'a tellement de choses à faire et ça maintenant je l'ai compris.

Chaque petit moment banal, je suis capable d'en profiter,

Dans la vie j'ai tellement de kifs que je pourrais pas tous les citer.

Moi en été je me sens vivre, mais en hiver c'est pareil,

J'ai tout le temps l'oeil du tigre et je dors sur mes deux oreilles.

C'est pas moi le plus chanceux mais je me sens pas le plus à plaindre,

Et j'ai compris les règles du jeu, ma vie c'est moi qui vais la peindre.

Alors je vais y mettre le feu en ajoutant plein de couleurs.

Moi quand je regarde par la fenêtre je vois que le béton est en fleur..

J'ai envie d'être au coeur de la ville et envie d'être au bord de la mer,

De voir le delta du Nil et j'ai envie d'embrasser ma mère.

J'ai envie d'être avec les miens et j'ai envie de faire des rencontres,

J'ai les moyens de me sentir bien et et ça maintenant je m'en rends compte."

                                                                                                          ...

Extrait de "Je dors sur mes deux oreilles", introduction au slam et au livre. La poésie jaillit à chaque phrase, avec ce langage de la rue qui n'est pas le mien et me parle pourtant. "J'ai constaté que la douleur était une bonne source d'inspiration, Et que les zones d'ombre du passé montrent au stylo la direction." L'écriture pour Fabien deviendrait évidence, fulgurance, ferait de lui ce Grand Corps Malade qui s'est redressé, bancal mais vivant, fragile mais indestructible, généreux, ouvert et tolérant. Une belle leçon de vie ! En lisant j'ai pensé au livre bouleversant de Bruno de Stabenrath, "Cavalcade" et à cette soirée lecture chez les Ouvriers du Paradis où nous étions tous émus aux larmes, impressionnés par la maigreur et le courage de Bruno, qui lui resterait en fauteuil roulant.