Sur Europe1 le vendredi matin les enfants aussi ont la parole. Ils s'expriment sur ce qu'ils ressentent, leurs craintes, leurs doutes, leurs envies. Ces petites voix m'ont touchée par leur justesse. Un regard frais et lucide sur le monde et les conséquences de cette crise sanitaire, sans complaisance. Eux aussi se rendent compte que "ce ne sera plus pareil après", qu'ils vivent à Paris, Berlin ou New York. Ces enfants très vifs -et dont l'expression verbale donnerait des leçons à bien des adultes, de même que le respect de la parole de l'autre et l'écoute- nous étonnent, ils sont délicieux. Promis, ils ne se plaindront plus d'aller à l'école "après", maintenant qu'ils ont compris que ce temps d'apprentissage avec les copains est une chance. Et puis "on voit que le ciel n'a jamais été aussi bleu" alors "il faut réfléchir à changer nos habitudes, à moins polluer". En attendant de sortir de chez eux, ils s'adaptent, en profitent pour faire une cabane avec un grand carton, se plonger dans des livres, inventer de nouveaux jeux et "essayer de passer moins de temps sur les écrans, je n'y arrive pas toujours mais je me rends compte que je suis moins énervée et plus gentille !"
Ces petites voix m'ont rappelé les ateliers avec les enfants, ces échanges qui m'ont enrichie. Leur enthousiasme, leur joie de vivre, leurs questions franches et sans détour, leur curiosité me manquent. J'aimais les immenses sourires quand j'arrivais dans la classe et que fusaient les questions. Et puis leurs petits cadeaux, ces dessins joyeux et colorés offerts discrètement, tous ces mots spontanés, criés ou chuchotés : "C'est pour toi ! ". "Tu reviens bientôt ?" " Ils sont trop bien tes livres !"
Ces moments-là reviendront. Ne comptons plus les jours. Comme les enfants revenons au présent, à ce que nous vivons, là, maintenant, en conscience.
Pour mieux vivre demain.