Il n'y a pas de bel été sans piscine protégée !

Tel est le titre choisi par Catherine Siguret pour les lecteurs de Closer, à paraître début juillet, afin de sensibiliser aux noyades en piscine privée.  "La sécurité n'est pas la phobie. Juste un rempart au malheur évitable" conclut-elle En avril dernier une enfant de 2 ans s'est noyée dans la piscine familiale en Isère, dont le dispositif de sécurité avait été retiré pour des travaux.  Ce drame rappelle qu'une piscine non protégée efficacement constitue un risque majeur pour un petit enfant qui peut échapper un instant à la vigilance des adultes. C'est pourquoi il est essentiel de souligner quelques chiffres avant l'été , le plus souvent méconnus, et de rappeler que la réglementation de 2003, lorsqu'elle est appliquée avec des dispositifs normalisés -comme la barrière avec portillon automatique- est efficace pour prévenir les noyades de jeunes enfants.

Julien Rapegno dans un article de La Montagne publié le 27 juin 2021 annonce la couleur : "La folie des bassins privés ! Les Français se jettent à l'eau !" Canicules et confinements ont fait exploser le marché français du bassin privatif, déjà très vigoureux. En 2021 le cap des 3 millions de piscines privées devrait être dépassé en France, deuxième marché mondial derrière les Etats-Unis." L'année 2020 a connu une croissance record de 27 %, après plus de 20 % de croissance annuelle depuis 2015 ! Dire qu'en 1999, lorsque je me suis engagée avec Sauve-qui-Veut pour faire voter une réglementation sur la sécurité des piscines privées l'on me reprochait de vouloir "casser le rêve" et même de "détruire des emplois" ! ...

Par ailleurs, ces mêmes piscinistes -qui ne voyaient pas l'intérêt d'une telle loi à l'époque et n'ont visiblement pas évolué sur leur vision de la sécurité- ne peuvent nier la réalité des faits comme le souligne Julien Rapegno "Quatre fois moins de drame pour quatre fois plus de piscines : 32 décès d'enfants en 2000 sur 728000 bassins, 8 décès en 2020 sur 2,9 millions de piscines."

Joëlle Pulinx, directrice de la Fédération des Professionnels de la Piscine prétend que "la barrière n'est pas acceptée par les Français" et " met en avant la campagne de promotion de l'aisance aquatique en partenariat avec le Ministère des Sports et soutenue par un fonds de la Fédération des Professionnels de la Piscine". Je salue cette initiative, qui fait partie d'un vaste plan Prévention Noyades, dont m'avait parlé en février dernier Gaëlle OGER,  chargée de mission auprès de la Ministre des Sports, lors d'une entrevue fort constructive au Ministère des Sports. Toutefois, ce discours me semble très réducteur et n'exonère en aucune façon les pisciniers de leurs responsabilités d'information et sensibilisation auprès des propriétaires de piscines. Un enfant de 2 ans, initié à l'aisance aquatique, se noiera dans une piscine non protégée. C'est une question de simple bon sens. S'ils souhaitent vendre du rêve, ne doivent-ils pas contribuer à ce que celui-ci ne se transforme pas en cauchemar ?